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Mémoires d’une Danseuse russe

ritable devait être un des invités de ses maîtres dont elle avait dû, bon gré mal gré, partager la couche. C’était une politesse obligée envers les visiteurs. Les récalcitrantes — il s’en trouvait peu — étaient fouettées jusqu’au sang, ce qui ne les empêchait pas de payer leur tribut… Presque toutes préféraient subir l’affront sans la correction sanglante.

À moins que l’auteur de mes jours ne fût l’un des nombreux serviteurs avec lesquels se consolaient quand l’occasion s’en présentait les pauvres filles de service, chair à plaisir, chair à souffrance. Malheur dans ce cas au couple surpris en flagrant délit ! On fouettait les deux complices jusqu’au sang, se servant d’un knout pour l’amoureux, de verges pour la fille. On les châtiait pour les punir d’avoir profané… ce qui n’était réservé qu’aux nobles invités.

Jusqu’à l’âge de huit ans, je ne sus pas trop ce que c’était que le fouet bien appliqué. J’avais cependant été fessée assez souvent avec la main par mes deux maîtresses, la mère et la fille. J’avais gardé un souvenir douloureux, pas trop cuisant toutefois, de ces corrections dont la dernière remontait à trois mois. Mais ce fut quand j’eus attrapé mes huit ans que je commençai à apprécier la valeur des châtiments que