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Mémoires d’une Danseuse russe

le knout des mains, lui en donna deux ou trois coups pour le punir de sa mollesse et se mit à fouetter avec rage les deux corps palpitants, éjaculant de grossières injures et de honteuses plaisanteries quand il frappait quelque endroit non encore flagellé. « Voilà, pourceaux, cria-t-il, quand il se sentit enfin exténué par sa hideuse besogne et que ses deux victimes furent couvertes de sang, ceci vous apprendra à essayer de me tromper ! » Et il partit, les laissant là, toujours liés à l’arbre, nus et sanglants sur la neige. Ce ne fut que plusieurs heures après qu’il ordonna d’aller les détacher. Comme on pouvait s’y attendre, l’homme succomba au climat, mais la femme revint à la santé. Comme sa libération était prochaine, le gouverneur se souvint un beau jour de la petite scène devant la hutte. Il s’effraya ; rien d’improbable, en effet, à ce qu’on crût à la parole d’une dame noble si elle venait à divulguer son crime. Il ordonna donc de la faire passer sous le knout, fit répéter cette torture plusieurs jours et ne s’arrêta que lorsqu’elle eut succombé, elle aussi, au climat, pour la plus grande tranquillité de son bourreau.