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Dans l’île de Sakhaline

édicté des lois réglant les punitions qu’on doit infliger aux forçats réfractaires, mais ces lois sont lettre morte pour les autorités de Sakhaline qui savent que le bruit de leurs exploits ne peut parvenir à l’oreille de personne. Ils avaient compté sans la publication du livre de M. Doroshevitch et ne songent plus qu’à essayer de faire dire aux prisonniers qu’ils n’ont aucun motif de se plaindre.

C’est dans la prison dont nous parlons qu’on enferme les hommes accusés d’avoir commis de graves infractions aux règlements. Les uns sont chargés de lourdes chaînes de fer qui font de chaque mouvement un supplice ; d’autres sont attachés à des blocs de bois. Il en est enfin qui subissent une torture particulièrement barbare inventée par les démons de Sakhaline. On les enchaîne à une lourde brouette pesant au moins quatre-vingts livres, et les malheureux doivent traîner cette charrette partout où ils vont et cela pendant trois ou quatre ans. On ne les délivre même pas pour la nuit. L’homme le plus déterminé ne peut résister à une pareille torture. C’est une chose si terrible, le prisonnier ne pouvant goûter un seul instant de véritable repos, que les malheureux condamnées à la brouette font d’incroya-