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CÉSAR FRANCK

commencée, sans avoir besoin d’un laps de temps quelconque pour se remettre dans l’ambiance.

Souvent il lui arrivait, au cours des leçons, qu’il donnait cependant avec une extrême conscience, de se lever subitement pour aller, dans un coin de son salon, écrire quelques mesures qu’il ne voulait pas laisser échapper, et de revenir presque aussitôt continuer la démonstration ou l’examen commencés. Des œuvres importantes furent écrites de cette façon, par fragments notés de ci de là, et dont l’enchaînement restait toutefois logique et sans hiatus. Le travail de disposition était toujours celui qui le préoccupait le plus, car, je l’ai dit, tout en restant évidemment classique et traditionnel, il fut toute sa vie dévoré par la soif des formes nouvelles, aussi bien dans les éléments constitutifs que dans la structure de l’œuvre. Au contraire de Beethoven dont les esquisses thématiques ou élémentaires sont innombrables, mais qui, sitôt les thèmes trouvés, semble par cela même en avoir établi tout le développement et néglige parfois de noter la marche de celui-ci dans ses cahiers, Franck crayonnait et raturait de nombreuses pages avant d’arrêter définitivement la disposition de l’œuvre.

Très difficile pour les autres au point de vue de la structure musicale, il l’était encore davan-