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CÉSAR FRANCK

sentir en intime communication avec la Beauté.

Enfin, lorsque le cœur et l’imagination de l’artiste ont conçu, lorsque son intelligence a su disposer, alors vient la dernière période, celle de l’exécution, qui n’est plus qu’un jeu pour le musicien dûment informé de son métier ; c’est le travail d’écriture, d’instrumentation s’il y a lieu, et de présentation plastique sur le papier de l’œuvre musicale achevée.

Si, pour la conception générale et l’exécution finale de l’œuvre, le procédé de travail se trouve être à peu près identique chez tous les compositeurs, il s’en faut qu’il en soit de même en ce qui regarde la conception thématique et la disposition des éléments ; tel saura attendre patiemment l’éclosion des idées, tel autre, au contraire, tentera d’en hâter la venue violemment et au moyen d’excitants, tel — comme Beethoven — écrira fiévreusement une incroyable quantité d’esquisses différentes pour une seule idée musicale, tel autre — Bach, par exemple — ne fixera plastiquement son thème que lorsque celui-ci sera absolument arrêté dans son esprit.

Le « père Franck » était de ceux qui, comme Gluck et tant d’autres, ont besoin d’excitants pour trouver ; toutefois, ce n’était point en des stimulants factices qu’il s’efforçait de chercher