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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

n’aurait pu songer à un sujet pictural sans l’entourer d’un impeccable dessin.

C’est également à la richesse et à l’abondance de la veine mélodique que l’harmonie de Franck doit toute son originalité ; en effet, si l’on veut considérer le discours musical horizontalement, suivant les principes féconds des contrapuntistes médiévaux, et non pas verticalement selon l’usage des compositeurs qui sont seulement harmonistes, on trouvera que les contours des diverses phrases mélodiques superposées, forment, dans cette musique, des agrégations de notes d’une nature particulière qui constituent un style autrement fort et séduisant que les banales et incohérentes suites d’accords alignées par les producteurs qui ne voient pas plus haut que leur traité d’harmonie.

Mais c’est principalement dans le domaine du rythme, pris dans sa plus large signification, ou, si l’on aime mieux, dans le domaine de l’architecture musicale, que Franck sut se créer une place absolument à part. Reprenant, comme je l’ai dit, l’art de la construction au point précis ou Beethoven l’avait laissé, il sut créer ce que nous nommons maintenant le style cyclique, (trouvaille aussi importante dans l’ordre symphonique que le fut le style wagnérien dans les manifestations dramatiques), et fonder sur la tra-