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CÉSAR FRANCK

sales lumières, Beethoven mourut, et, chose curieuse, personne, à ce moment, en aucune des trois nations artistiques, ne parut apercevoir ces lueurs nouvelles. L’Italie, splendeur musicale du XVIe siècle, se traînait alors dans une clinquante dégénérescence dont elle est fort loin d’être sortie à l’heure actuelle ; la France, enlisée dans l’opéra de l’école judaïque, ne fournissait aucune production d’ordre symphonique, car les quintettes à tout faire d’Onslow ne valent pas plus en ce sens que les quatuors de Gounod, les ouvertures d’Halévy ou les marches de Meyerbeer. Quant à Berlioz, adorateur passionné de Beethoven en ses écrits, — le comprit-il vraiment ? c’est un point qui est encore à élucider, — il en reste aussi éloigné que possible dans son art, et il est difficile de trouver des antipodes artistiques aussi complètement opposés par la pensée créatrice comme par l’exécution, que l’esprit qui conçut la Symphonie fantastique ou la Damnation de Faust et celui qui sut ordonner la Missa solemnis et le douzième quatuor.

Quant à la symphonique Allemagne, elle n’avait nullement profité des indications beethovéniennes ; aucun auteur n’avait tenté de faire sien cet héritage laissé, comme le glaive légendaire des sagas septentrionales : au plus digne.