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CÉSAR FRANCK

guissent et, tandis qu’ils passent, elles demeurent. »

Et j’ajouterai, moi, que c’est précisément parce que la pensée de Franck ne cesse de s’alimenter à la tradition (et ne reste point esclave de la convention) qu’elle a pu acquérir la force d’être absolument originale et par conséquent de pousser d’un sain et vigoureux élan sur l’arbre traditionnel, apportant ainsi sa contribution personnelle au progrès de la musique.

Beethoven, haute résultante de la force classique, qui, lui-même, avait commencé par écrire des pièces symphoniques de pure forme avant de se créer une place géniale dans la marche ascensionnelle de l’art, Beethoven avait jalonné, par les œuvres de sa troisième époque (1815-1827), une voie dans laquelle il s’était à peine engagé lui-même, mais qu’il ouvrait toute grande devant ceux de ses successeurs doués d’un tempérament assez solide pour s’y frayer une route, tout en sachant en éviter les dangers.

Il ne s’agissait de rien moins que de la transformation ou plutôt de la rénovation de la forme-sonate, cet admirable canevas de tout art symphonique qui s’était imposé depuis le XVIIe siècle à tous les musiciens en vertu de son harmonieuse logique. Cette rénovation, Beethoven l’indiqua, d’une façon peut-être un peu inconsciente, mais