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CÉSAR FRANCK

repos[1]. Bref, elle nous conduit de l’égoïsme à l’amour, par le procédé des vrais mystiques chrétiens : du monde à l’âme, de l’âme à Dieu : ab exterioribus ad interiora, ab interioribus ad superiora.

« Aimer, ne sortir de soi que pour monter plus haut, c’est bien la méthode dont nous parlions précédemment, pratiquée d’instinct par les plus fiers génies ; ce fut celle de César Franck et elle donne le secret de son style. »

Quittons maintenant les considérations générales et les questions d’atavisme artistique et tâchons d’appliquer les précédentes remarques à la production musicale même de l’artiste ; nous ne manquerons pas, en examinant synthétiquement l’œuvre, d’être frappés du profond classicisme qui en émane. M. Paul Dukas, dont la plume élégante et sûre traça dans la Chronique des Arts[2] un si digne aperçu du style du maître, écrit avec une parfaite justesse d’observation : « Son classicisme n’est point de pure forme, ce n’est pas un remplissage plus ou moins stérile de cadres scholastiques comme en suscita par centaines l’imitation de Beethoven et plus tard de Mendelssohn, comme en

  1. Les phrases en italique sont des citations tirées du livre du P. Gratry : Les Sources.
  2. Année 1904, no 33, p. 273.