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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

entente merveilleusement pondérée de la mise en œuvre de ces matériaux et de l’ordre logique dans lequel ils doivent être présentés pour la bonne harmonie et la solidité du monument sonore.

Donc, si, par la pureté et la lumière dans l’invention, César Franck peut être rattaché aux primitifs italiens de la belle époque qui précéda le XIVe siècle, et si son origine wallonne peut expliquer la facilité de son intelligence à embrasser sans effort les combinaisons qui paraîtraient à d’autres les plus compliquées, il est et il restera éminemment français par l’esprit d’ordre, de style et de pondération qui règne sur son œuvre entier.

Et c’est peut-être pour cela, — car j’aime à supposer que ce n’est point chez eux mauvaise foi ou méconnaissance de l’art, — que les Allemands ne comprennent point encore sa musique dont la lumineuse logique se prête mal à être assimilée par des esprits, profonds je le veux bien, mais auxquels manquera toujours le sentiment des justes proportions et du bon style ; l’intempestif Walhalla grec près de Ratisbonne, les tableaux abscons de Bœcklin et les trop longs poèmes musicaux de Richard Strauss en sont de flagrantes preuves.

Parmi tous les critiques d’art qui ont plus ou