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CÉSAR FRANCK

l’âme, telle que la concevait le mystique auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, et un séraphin descendu des cieux pour l’instruire des vérités éternelles. Telle a, du moins, toujours été ma propre impression vis-à-vis de ce séduisant tableau.

D’autres maîtres, appelés à illustrer musicalement le même sujet, n’eussent point manqué de chercher à dépeindre, l’un, l’amour physiologique sous ses plus réalistes aspects (voyez par exemple le Rouet d’Omphale), l’autre cet érotisme discret et quasi-religieux qui fut très à la mode dans les salons il y a quelques années (comparez Ève et Marie-Magdeleine).

Je crois que Franck a su choisir la meilleure part et j’oserai même affirmer qu’en agissant ainsi, presque naïvement, il a serré de plus près la véritable signification de l’antique histoire qui eut de si nombreux avatars dans la poésie médiévale et même dans les temps modernes, jusques et y compris Lohengrin.

Mais c’est surtout en raison du don des géniales architectures, que la comparaison de la personnalité de Franck avec celle de nos artistes du XIIIe siècle français s’impose d’une façon bien nette. Choix judicieux des éléments premiers, discernement infaillible de la valeur et de la qualité des matériaux employés, et enfin