Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
L’HOMME

fondait avec la foi en Dieu, source de tout art.

Quelques personnes peu perspicaces, ou manquant totalement de sens critique, ont voulu comparer le Jésus de Franck, si divinement aimant et miséricordieux, au louche philanthrope présenté sous ce nom par Ernest Renan ; ces personnes n’ont assurément jamais rien compris aux Béatitudes, et, à coup sûr, elles n’eussent point écrit ce non-sens si, comme ceux d’entre nous qui étaient admis à la tribune de Sainte-Clotilde, elles avaient pu assister à l’acte de foi accompli très simplement chaque dimanche par le maître, alors qu’au moment de la Consécration, il interrompait l’improvisation commencée, et que, descendant de l’orgue, il allait, au coin de la tribune, s’incliner en une fervente adoration devant le Dieu de l’autel.

Croyant, Franck le fut, certes, comme un Palestrina, un Bach ou un Beethoven ; confiant en l’autre vie, il ne rabaissa point son art à tâcher d’obtenir en celle-ci une vaine gloire : il eut la sincérité naïve du génie. Aussi, tandis que l’éphémère renommée de bien des artistes qui ne virent dans le travail qu’un moyen d’acquérir fortune ou succès, commence actuellement à entrer dans l’ombre pour n’en plus sortir jamais, la figure séraphique du « père Franck », qui tra-