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CÉSAR FRANCK

parties vocales, d’un organe aussi grotesque que chaleureux. Il ne dédaignait même pas de demander à ses élèves leur avis sur cette œuvre, et, mieux encore, de s’y conformer, si les observations que ceux-ci osaient faire lui paraissaient bien fondées.

Assiduité constante dans le travail, modestie, conscience artistique, tels furent les points saillants du caractère de Franck ; mais il est encore une qualité, bien rare, celle-là, qu’il posséda à un très haut degré, ce fut la bonté, l’indulgente et sereine bonté.

Le mot le plus spécialement employé par le maître était le mot : aimer. « J’aime, » disait-il d’une œuvre ou même d’un détail qui appelait sa sympathie ; et en effet, ses œuvres, à lui, sont tout amour, et ce fut bien par l’amour, par la haute charité qu’il régna sur ses disciples, sur ses amis, sur les musiciens de son temps qui avaient quelque élévation de pensée, et c’est par amour pour lui que d’autres ont tenté de continuer son œuvre de bonté.

Il ne faudrait cependant pas inférer de là que le maître fût d’un tempérament froid et placide, tant s’en faut ; c’était un passionné, et, certes, toutes ses œuvres en font foi.

Qui de nous ne se souvient de ses saintes colères contre la mauvaise musique, et de ses