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CÉSAR FRANCK

écourtées, de travail matinal, jointes aux quelques semaines que lui laissaient les vacances du Conservatoire, que furent pensées, disposées, et écrites ses plus belles œuvres.

Mais, ainsi que je l’ai dit plus haut, le travail musical, ordinaire occupation de son esprit, ne l’empêchait point de se tenir au courant de toutes les manifestations d’art, et spécialement de la littérature. Il réservait, surtout pendant les vacances, dans la petite maison qu’il louait pour l’été à Quincy, un certain nombre d’heures à la lecture d’ouvrages anciens ou modernes, voire des plus sérieux. Ainsi, un jour qu’il lisait dans son jardin, avec l’attention qu’il portait à toutes choses, l’un de ses fils, le voyant fréquemment sourire, lui demanda : « Mais que lis-tu donc là de si drôle ? » ; et le « père Franck » de répondre : « Un ouvrage de Kant : la « Critique de la Raison pure…, c’est très amusant ! » N’est-il point permis de penser que ces paroles, sortant de la bouche du musicien croyant et français, constituent la plus fine des critiques qu’on puisse faire de la lourde et indigeste Critique du philosophe allemand ?

Si Franck fut un travailleur actif et opiniâtre, (pendant les deux mois de vacances de l’année 1889, il écrit les quatre parties de son quatuor à cordes et met sur pied les deux derniers actes