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CÉSAR FRANCK

chissement de la chevelure, ne changea point jusqu’à la mort.

Somme toute, rien, dans cet aspect, qui parût révéler un artiste conforme au type conventionnel créé par les légendes romantiques ou mont-martroises ; aussi, quiconque coudoyait dans la rue cet être toujours pressé, à la physionomie distraite et perpétuellement grimaçante, trottant plutôt que marchant, et vêtu de redingotes trop amples et de pantalons trop courts, ne pouvait soupçonner la transfiguration qui s’opérait alors qu’il expliquait ou commentait au piano une belle œuvre d’art, ou bien encore, lorsque, une main à son front et l’autre comme en arrêt vers la combinaison des jeux et le choix des registres, il préparait à l’orgue l’une de ses grandes improvisations. Alors, la musique l’enveloppait tout entier comme une auréole, alors seulement on était frappé par la volonté consciente de la bouche et du menton, alors seulement on remarquait l’identité presque complète du large front avec celui du créateur de la IXe Symphonie, alors, on se sentait subjugué — presque effrayé — par la présence palpable du génie rayonnant autour de la plus haute et de la plus noble figure de musicien qu’ait produit notre XIXe siècle français[1].

  1. M. Georges C. Franck possède un portrait de son père, dû au