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CÉSAR FRANCK

premier succès (à soixante-huit ans !), il nous disait naïvement : « Allons, voilà le public qui commence à me comprendre… »

Quelques jours après, le 27 avril, un second triomphe l’attendait à Tournai, où il assista à un concert de ses œuvres donné par le quatuor Ysaye.

Mais ces douces impressions furent chez lui de courte durée, car, au mois de mai de cette même année 1890, se rendant un soir chez son élève Paul Braud, il ne put se garer du choc d’un omnibus dont le timon le frappa au côté. Il n’en continua pas moins sa route, mais perdit connaissance en entrant chez Braud. Revenu à lui, il joua le second piano des Variations symphoniques qu’il fut obligé d’exécuter deux fois, et rentra boulevard Saint-Michel très fatigué.

Cependant, insoucieux de la douleur physique, il ne cessa point pour cela de mener sa vie de labeur quotidien, renonçant seulement à ce qui aurait pu être un plaisir pour lui. C’est ainsi que ses collègues du comité de la Société Nationale l’ayant invité à venir présider leur dîner annuel, à l’issue duquel on devait lui faire la surprise d’une seconde audition intime de son Quatuor, il dut, se sentant malade, refuser d’assister à ces amicales agapes, et en informer le comité par le billet ci-après :