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L’HOMME

l’œuvre, de répondre, épanoui : « Oh ! cela a bien sonné comme je l’avais pensé[1] ! »

La Sonate qu’Eugène Ysaye promena à travers le monde fut pour Franck une source de douces joies, mais le plus grand de ses étonnements fut causé par le succès alors sans précédent de son Quatuor à cordes, à l’un des concerts de cette Société Nationale de Musique qui contribua si puissamment à faire avancer le goût français et dont Franck, qui en fut l’un des fondateurs en 1871, avait été nommé président depuis quelques années.

Lors de l’audition du 19 avril 1890, le public de la Société Nationale, dont l’initiation aux œuvres de forme nouvelle commençait à se faire, fut pris d’un sincère et unanime enthousiasme ; la salle Pleyel retentit d’applaudissements comme elle en entendait rarement ; tous les assistants étaient debout, acclamant, appelant le maître qui, ne pouvant imaginer pareil succès pour… un quatuor, s’obstinait à croire que ces manifestations allaient à l’adresse des interprètes. Cependant lorsque souriant, timide, effaré, il reparut sur l’estrade (il n’était guère coutumier du fait), il lui fallut bien se rendre à l’évidence de l’hommage et, le lendemain, tout fier de ce

  1. Parole rapportée par M. Georges C. Franck.