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CÉSAR FRANCK

connaissait sa nouvelle œuvre, il en apprécierait certainement la beauté et en favoriserait l’exécution.

Il organisa donc chez lui une audition privée des Béatitudes, après s’être soigneusement enquis de la date qui pouvait convenir au ministre des Beaux-Arts et avoir invité, par démarche personnelle, les critiques des grands journaux ainsi que les directeurs du Conservatoire et de l’Opéra. Les soli étaient confiés à des élèves de chant du Conservatoire ; quant aux chœurs, si importants, ils étaient composés d’une vingtaine d’exécutants, disciples particuliers du maître ou élèves de la classe d’orgue.

Franck, plein de joie de cette exécution en miniature, avait l’intention d’accompagner lui-même au piano, mais, première déception, l’avant-veille du jour fixé, il se foula le poignet en fermant une portière de voiture… ; il vint aussitôt me trouver pour me demander de tenir sa place au piano, et, fier de cet honneur mais un peu troublé par la responsabilité, je dus, en une seule journée, me mettre dans les doigts toute cette partition de façon à pouvoir la présenter convenablement aux hôtes de choix sur l’appui desquels le maître comptait si absolument.

Tout était prêt, les exécutants, au grand com-