Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
L’HOMME

torio de grande allure, absorba au bénéfice de son œuvre la presque totalité des répétitions affectées à ces deux concerts. Le bon « père Franck », sans défiance et sans fiel, dut se contenter (et il s’en contenta, tellement il était peu exigeant) d’une quasi-lecture à l’orchestre et d’une exécution excessivement sommaire qui ne produisit aucun effet ; il fut même forcé, en raison de la pénurie des répétitions, de supprimer le morceau symphonique qui formait interlude entre les deux parties de son œuvre et qu’il récrivit, du reste, complètement depuis.

À part les Éolides, poème symphonique d’après Leconte de Lisle, qui fit une éphémère apparition au concert de la Porte Saint-Martin, sous la direction de Lamoureux, en 1876, et ne fut nullement compris par le public, Franck ne travailla guère, pendant les six années qui suivirent Rédemption, qu’à son oratorio Les Béatitudes qui ne fut terminé qu’en 1879 et lui prit conséquemment dix ans de sa vie.

Conscient d’avoir produit une belle œuvre, le maître, dont l’âme naïve fut constamment en proie aux illusions quant à ce qui est de la vie pratique, s’imagina que le gouvernement du pays qu’il illustrait par son génie ne pouvait manquer de s’intéresser à la présentation d’une aussi haute manifestation d’art, et que, si le ministre