Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
CÉSAR FRANCK

si bien à son esprit de croyant et à son tempérament puissant et passionné. En l’année 1869, il fut enfin à même de pouvoir travailler sur un poème, sinon de premier ordre comme poésie et versification, au moins respectueux du texte sacré tout en le paraphrasant de manière à donner lieu à d’importants développements musicaux.

À peine muni de ce canevas, il se mit aussitôt à la besogne avec un tel enthousiasme qu’il en écrivit sans s’interrompre les deux premières parties.

Ce travail fut arrêté par un événement qui ne pouvait laisser indifférente aucune âme française, et Franck, bien que né en Belgique, était bien français de cœur et de choix ; cet événement, c’était la guerre de 1870.

Trop âgé pour prendre du service actif, le maître avait vu ses jeunes disciples se disperser au vent mauvais de nos défaites et laisser le contrepoint, l’orgue ou le piano pour aller manier le fusil dans les vaillantes armées improvisées que notre pays sut, six mois durant, opposer aux envahisseurs victorieux. Plusieurs de ces disciples ne revirent pas le maître aimé… ou, comme Alexis de Castillon, succombèrent peu après la guerre aux fatigues de cette rude campagne d’hiver.

Trois d’entre eux, Henri Duparc, Arthur Co-