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L’HOMME

mais pour s’acquitter le mieux qu’il pouvait d’un devoir envers Dieu et sa propre conscience. Et ce qu’il pouvait, c’était de l’art sain, élevé, sublime.

Décrire ces improvisations, dont nous n’avons bien senti tout le prix que lorsque nous n’avons plus été à même de les entendre, serait une tâche impossible ; je laisse à ceux qui, comme moi, ont été les commensaux habituels de ces festins d’art, la douceur d’un souvenir qui bientôt s’envolera comme se sont évanouies elles-mêmes ces géniales et éphémères créations.

Ainsi, pendant dix ans, Franck se recueille, vivant sa tranquille vie d’organiste et de professeur et faisant succéder à la fièvre de production des jeunes années une période de calme où il n’écrit que des pièces d’orgue et de la musique d’église. Mais ce calme n’est que précurseur d’une nouvelle transformation, définitive, celle-là, à laquelle la musique devra de sublimes chefs-d’œuvre.

Toute sa vie, Franck avait été possédé du désir de traiter musicalement le bel évangile du Sermon sur la montagne ; il avait déjà (nous en parlerons dans la partie critique de cet ouvrage) tenté plusieurs essais sur ce sujet qui convenait