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L’HOMME

Oh ! nous le connaissions bien, nous ses élèves, le chemin qui conduisait à cette bienheureuse tribune — chemin ardu et difficile comme l’Évangile nous présente celui du ciel — où, après avoir gravi la ténébreuse spirale d’un long escalier à vis percé de rares meurtrières, on se trouvait tout à coup face à face avec une sorte de monstre d’aspect antédiluvien, à l’ossature compliquée, à la respiration pesante et inégale, qu’à plus ample examen on reconnaissait être l’organe vital de l’orgue actionné par deux vigoureux souffleurs.

Là, il fallait encore descendre un petit escalier de quelques marches, bas, resserré et absolument privé de lumière, dernière épreuve fatale aux chapeaux hauts de forme et cause de bien des faux pas pour les non-initiés. Après quoi, ouvrant l’étroite janua cæli, on se trouvait suspendu à mi-distance entre le pavé et la voûte de l’église et l’on oubliait tout dans la contemplation du profil attentionné et surtout du front puissant d’où sortait sans effort apparent toute une théorie de mélodies inspirées et d’harmonies subtilement exquises qui, s’enroulant quelques instants autour des piliers de la nef, allaient enfin se perdre tout en haut, aux courbures des ogives.

Car César Franck avait, ou plutôt était le génie