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CÉSAR FRANCK

d’alors qui incriminaient cette partition de wagnérisme outrancier, tandis que d’autres se voilaient la face devant un aussi grossier sujet, criant très haut au scandale… ; tels autres, enfin, se refusaient délibérément à lire de la musique, fût-ce des chefs-d’œuvre, de peur, disaient-ils, « d’altérer leur personnalité » !

Tout cela, le père Franck ne le comprenait pas, et, malgré l’école et ses errements conventionnels, il s’obstinait à engager ses disciples à lire beaucoup de belle musique, ancienne ou moderne, et il s’extasiait lui-même comme un jeune homme devant l’absolue beauté des pièces de Bach dont il nous enseignait l’interprétation à l’orgue.

Il n’eût pas compris davantage et eût été, certes, profondément surpris d’entendre proclamer comme une découverte que l’Art doit exprimer la Vie…, comme si l’Art avait jamais fait et jamais pu faire autre chose !… Comme si les fresques de Giotto ou de Gozzoli, les syndics de Rembrandt, le portail d’Amiens, les sonates de Beethoven et les drames de Gluck ne constituaient pas d’admirables « tranches de vie » au même titre que les productions de l’art le plus moderne… j’entends celles qui partent du cœur de l’artiste. Mais, d’après les naïfs partisans du susdit aphorisme, cette expression, « la vie »,