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L’ÉDUCATEUR ET L’ŒUVRE HUMAIN

permet pas cela, mais moi, je l’aime bien. »

Cependant, sa hardiesse à admettre tout ce qui lui semblait bien n’était pas aveugle ; lorsque, après minutieux examen, il ne croyait pas, en conscience, pouvoir approuver un passage litigieux, il se gardait bien de dire seulement à l’élève : « C’est mal, vous me referez cela », comme font presque tous les professeurs, mais il cherchait avec l’élève la raison pour laquelle « c’était mal », et il l’expliquait si clairement qu’on ne pouvait pas ne pas être convaincu.

Ainsi, l’une des plus précieuses particularités de la leçon de Franck, c’était la démonstration par l’exemple ; étions-nous embarrassés dans l’ordonnance d’une construction, embourbés dans la marche d’un morceau de musique, le maître allait aussitôt prendre dans sa bibliothèque telle œuvre de Bach, de Beethoven, de Schumann, de Wagner : « Voyez, nous disait-il, Beethoven (ou tel autre) s’est trouvé ici dans la même situation que vous…, remarquez la façon dont il s’en est tiré ; lisez tels passages et inspirez-vous-en pour corriger votre pièce, mais surtout n’imitez pas et trouvez une solution qui soit bien de vous. »

Qu’on veuille me permettre, à ce propos, de relater ici une anecdote qui m’est, il est vrai, personnelle, puisqu’elle se rapporte à la façon