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CÉSAR FRANCK

Leitmotiv wagnérien lequel consiste, non en une transformation, mais en un développement thématique qui trouve sa parfaite application dans le drame, mais ne serait point de mise en une œuvre pensée presque symphoniquement comme le poème musical de Franck.

Nous voici arrivés au couronnement de l’œuvre, à cette huitième Béatitude qui, résumant toutes les autres, est aussi un monument presque exceptionnel dans l’histoire de la Musique. On dirait que le « père Franck », comme pressentant une ère de persécutions et devenant, lui aussi, le vates des anciennes épopées, ait voulu, par ce chef-d’œuvre, laisser après lui un baume consolateur à ceux qui souffriront pour la Justice et les obliger à regarder en haut, vers le lieu où règnent éternellement la paix et la vérité.

Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la Justice, car le Royaume du ciel est à eux !

Satan a reparu, l’Esprit du mal, arrogant mais rongé d’inquiétude, veut démontrer au Christ l’inanité de la victoire remportée par l’Amour ; et là, il est admirable, car le personnage est devenu presque humain… Ce n’est plus le diable de théâtre, revêtu de conventionnels oripeaux, c’est l’homme dont l’orgueil a souffert de sa défaite et qui crache sa haine aux pieds du trône de son