Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
CÉSAR FRANCK

conception si étrangère à l’esprit de Franck qu’il ne put jamais réussir à l’exprimer complètement… Je me souviendrai toujours de ses efforts pour se donner un air terrible, de ses froncements de sourcils, des contorsions de sa bouche et des bizarres éclats de voix qui éveillaient en nous plutôt le sourire que l’effroi, alors qu’il nous chantait :


\score {
\relative c { 
\new Staff {
\clef F
\key c \major
\time 4/4
\override Staff.TimeSignature #'transparent = ##t
\partial 4 g4 | c4. c8 ees4. d8 | g2 r4 g,4 | c e! a4. c8 | c2 b2 |
}
\addlyrics {
C’est moi l’esp_ rit du mal qui suis roi de la ter -- re
} %lyrics
} %relative
\layout{
  indent = 1\cm
  line-width = #120
  \set fontSize = #-1
} %layout
} %score
\header { tagline = ##f}



Pauvre maître ! Sa bonne foi était entière, il croyait sincèrement être « l’esprit du mal », lui qui n’avait jamais vécu et agi que pour le bien ! Alors, incapable de trouver en lui-même de quoi exprimer ce qu’il ne pouvait sentir que superficiellement, il emprunte le style des pires éclectiques, et ici, bien plus encore que dans la première et dans la cinquième partie, il fait du Meyerbeer ; la strette :

Il se lève enfin, notre jour,
Le jour de la vengeance !

ne serait pas déplacée dans quelque nouveau Robert le Diable.

Enfin le Christ arrive, abat Satan, et son récit procure à l’auditeur une délicieuse impression