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L’HOMME

tiques attitrés n’y virent qu’une « plate imitation » du Désert de Félicien David qui avait obtenu deux ans auparavant un retentissant succès et dont l’éphémère renommée était encore dans toute sa vigueur. — Un peu plus tard, ce sera des œuvres de Richard Wagner dont se serviront les écrivains musicaux pour accabler sous la comparaison un nouvel ouvrage, cela jusqu’à l’époque contemporaine où les mêmes écrivains musicaux ont pris le singulier parti d’exalter a priori toutes les œuvres nouvelles, de quelque valeur qu’elles puissent être, au détriment, le plus souvent, des chefs-d’œuvre anciens,… curieux retour des choses.

Toutefois, l’un des critiques de 1846, mieux disposé que les autres, écrivait ceci : « M. César Franck est naïf, excessivement naïf, et cette simplicité l’a, avouons-le, assez bien servi dans la composition de Ruth, oratorio biblique… » Vingt-cinq ans plus tard, le 24 septembre 1871, eut lieu, au Cirque des Champs-Élysées, une seconde audition de Ruth, et le même critique, enthousiasmé, écrivit cette fois, sans peut-être se rappeler qu’il avait déjà entendu le susdit oratorio : « C’est une révélation ! Cette partition qui, par le charme et la simplicité mélodiques, rappelle le Joseph de Méhul, avec une grâce plus