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CÉSAR FRANCK

Le premier Chant : Bienheureux les pauvres d’esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux, est évidemment la partie la moins bonne de l’œuvre. Le chœur voulant exprimer le double sentiment des « jouisseurs » et des « désabusés », bien que le second aspect qui varie le premier soit déjà plus près de la mélodie-Franck, est vraiment un chœur d’opéra meyerbéerien qu’une strette vulgaire vient encore aggraver. Mais, aussitôt que ce morceau théâtral a pris fin, la Voix du Christ, pour la première fois, se fait entendre ; et c’est une longue phrase mélodique, indépendante du thème de Charité, qui s’impose par sa noblesse et que le chœur céleste redit ensuite en l’amplifiant encore.

Il est à remarquer que cette première Béatitude est bâtie exactement de la même manière que la première partie de Rédemption ; le chœur initial est en la mineur et présente plus d’un point commun avec celui de Rédemption ; de plus, ainsi que dans cette dernière œuvre, l’accès aux régions célestes se fait au moyen du ton de fa dièze majeur qui a toujours représenté pour Franck la lumière paradisiaque.

Je ne sais plus quel critique a émis l’opinion que le maître qui nous occupe, si expert dans l’emploi du canon, ne s’était que rarement servi de la fugue dans ses compositions…, or, sans