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CÉSAR FRANCK

On ne possède aucun détail sur le séjour de deux années que fit le maître en Belgique, après sa sortie hâtive du Conservatoire. Il est probable que son père n’y rencontra pas les avantages qu’il y était allé chercher, puisque, en 1844, nous retrouvons toute la famille installée de nouveau à Paris, dans un logement de la rue La Bruyère, et sans beaucoup d’autres ressources que les cachets, leçons ou concerts, que pouvaient fournir à la communauté les deux fils, Joseph et César.

C’est alors que commença pour le maître cette vie de labeur incessant et régulier qui se déroula sans trêve et sans à-coups pendant un demi-siècle, lui apportant parfois — rarement — la diversion d’un concert où l’on exécutait quelqu’une de ses œuvres.

Ce fut d’abord, le 4 janvier 1846, dans la salle du Conservatoire, (qu’une administration plus libérale que celle qui régit actuellement les Beaux-Arts mettait assez facilement à la disposition des artistes vivants), la première audition de Ruth, églogue biblique dont il avait entrepris la composition dès sa rentrée à Paris. Si l’œuvre commanda la sympathie et l’attention de certains musiciens, sincères ou non[1], la plupart des cri-

  1. M. Georges C. Franck possède, à ce sujet, quelques curieuses lettres de compositeurs illustres.