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L’HOMME

comme cela lui arrivera plus tard, mais des combinaisons de doigtés originaux, de dessins encore inemployés, de dispositions harmoniques donnant au piano une sonorité non encore entendue ; c’est ainsi qu’à ce point de vue, certaines des premières œuvres pour piano, comme l’Églogue, op. 3 (1842), et la Ballade, op. 9 (1844), offrent de spéciales innovations dont l’étude peut tenter des musiciens et surtout des pianistes.

C’est aussi à cette époque qu’appartiennent les trois premiers trios (sous le titre : op. 1) ; Franck les écrivit alors qu’il était encore au Conservatoire et son père lui en dicta la dédicace : À S. M. Léopold Ier, roi des Belges.

Si je me souviens bien d’un entretien que j’eus, au sujet des trios, avec mon maître, une audience de cour dans laquelle le jeune César devait présenter lui-même ses œuvres à leur auguste dédicataire fut le prétexte invoqué pour lui faire abandonner subitement le Conservatoire, son père fondant, disait-il, sur la dédicace en question les plus fantastiques espérances que rien, hélas, ne vint justifier dans la suite.

Je reviendrai sur ces trios dans la seconde partie de cette étude et spécialement sur le premier, en fa dièze mineur, qui marque une étape dans l’histoire de l’art musical.