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CÉSAR FRANCK

Ce premier mouvement est, en effet, la plus étonnante pièce symphonique qui ait été construite depuis les derniers quatuors beethovéniens. Sa forme, essentiellement nouvelle et originale, consiste en deux morceaux de musique vivant chacun de sa vie propre et possédant chacun un organisme complet, qui se pénètrent mutuellement sans se confondre, grâce à une ordonnance absolument parfaite de leurs éléments et de leurs divisions.

Comme le Quintette en fa mineur, comme la Symphonie et la Sonate de violon, ce quatuor est édifié à l’aide d’un thème générateur qui devient la raison expressive de tout le cycle musical, mais, rien, dans l’œuvre de Franck pas plus que dans celui de ses prédécesseurs, n’égale en audacieuse et harmonieuse beauté ce type de musique de chambre unique aussi bien par la valeur et l’élévation des idées que par la perfection esthétique et la nouveauté très personnelle de l’architecture.

Dussé-je paraître trop technique, et en conséquence fastidieux pour quelques-uns, je vais cependant tâcher — pour quelques autres — de faire comprendre l’union de ces deux personnes du quatuor en une seule ; et, ne trouvant pas de terme propre à qualifier ces deux portions d’un même tout, on me permettra de les dési-