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CÉSAR FRANCK

des essais et l’ère du véritable quatuor beethovénien, de celui qui, au moyen de quatre instruments, fonde toute une nouvelle musique, cette ère date seulement de 1822, Beethoven avait alors cinquante-deux ans…

E. Grieg, en un article sensationnel sur ses premières études, écrit pour un journal américain[1], rapporte qu’à son arrivée au Conservatoire de Leipzig, Reinecke, en bon pédagogue allemand, lui enjoignit d’écrire un quatuor à cordes, — ce quatuor était mauvais, l’auteur le reconnaît de bonne grâce, mais celui-ci garda toujours les traces de cette erreur première d’éducation. Grieg, en effet, charmant improvisateur de lieder plus ou moins populaires, n’est rien moins qu’un symphoniste et n’arrivera probablement jamais à l’être.

« Mais, pourrait-on m’objecter, celui qui sait écrire l’orchestre, doit a fortiori, pouvoir écrire le quatuor. » — Cette opinion, qu’on me permette de le dire, est complètement erronée et ne peut provenir que d’esprits au jugement superficiel.

Il n’y a presque pas de rapport entre la manière de penser et de réaliser une idée au moyen du quatuor d’orchestre ou de faire la même opération en vue du quatuor de chambre ;

  1. Edv. Grieg. My first success (mon premier succès). The Independant. New-York. 1905.