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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

VII

LE QUATUOR EN RÉ MAJEUR



La composition que l’on nomme quatuor d’archets ou quatuor à cordes doit, pour avoir une réelle signification artistique, être une œuvre de maturité.

Qu’on ne croie point surtout que j’aie l’intention d’exposer ici une règle dogmatique — Dieu m’en garde ! — ce que je viens d’énoncer n’est pas autre chose que le résultat d’expériences corroborées par l’observation historique.

Il n’y a pas d’exemple, même chez les musiciens de génie, d’un bon quatuor à cordes daté d’une période de jeunesse ; les beaux quatuors de Mozart sont ceux de 1789 et 90, l’auteur avait alors trente-trois ans, et trente-trois ans, pour Mozart, c’était presque la vieillesse.

Ce fut seulement en sa trentième année que Beethoven osa s’attaquer à cette sorte de composition, ayant refusé, comme on sait, à l’âge de vingt-sept ans, les offres tentantes du comte Appony, et encore ne fut-ce que neuf ans plus tard qu’il commença à entrevoir dans le septième quatuor, en fa, ce que pouvait donner cette forme. Les dix ou onze premiers ne sont en réalité que