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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

ne sait trop pourquoi, par un épilogue. Un soir de l’automne 1882 où Henri Duparc et moi avions été lui rendre visite, il vint à nous, très rouge, très excité, et nous lança cette phrase dont seuls ceux qui ont connu le « père Franck » peuvent apprécier toute la saveur : « Je crois que le ballet d’Hulda est une très bonne chose, j’en suis content ; je viens de me le jouer et même… je l’ai dansé ! »

Hulda fut représentée pour la première fois au théâtre de Monte-Carlo en 1894.

Quant à Ghisèle, la composition en fut plus rapide encore, puisque, commencée à l’automne de 1888, elle prenait fin, comme je l’ai dit plus haut, en septembre 1889.

Année féconde que cette année 1889 où Franck, sûr de lui-même, put écrire en ses deux mois de vacances les deux derniers actes de son opéra et son sublime quatuor à cordes ! On eût dit qu’il pressentit sa fin et se hâtât d’exprimer tout ce qu’il avait encore de musique en lui.

Ghisèle était donc, à sa mort, complètement achevée en brouillon d’orchestre, le premier acte était même instrumenté au net, et les cinq disciples qui eurent l’honneur de terminer l’instrumentation des deux derniers étaient tous assez familiers avec la pensée intime du maître ainsi qu’avec sa manière d’extérioriser cette