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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

jusqu’à la fin. L’effet de joie produit par le retour de cette tonalité est d’autant plus intense que celle-ci a été plus péniblement reconquise, au moyen d’une gradation tonale merveilleusement nuancée. Après le classique développement des thèmes, l’aria se fait entendre de nouveau, toujours calme malgré son entourage très mouvementé, en ré bémol majeur ; puis, comme contrepartie, une fois la réexposition des deux thèmes faite, c’est la noble mélodie du prélude qui s’installe en vigueur au milieu de la tonalité principale pour conclure en teintes expressivement dégradées, par les éléments de l’aria et, contrairement à la tintinnabulante péroraison de l’œuvre précédente, pour terminer doucement par une sorte d’évaporation de la mélodie qui fuit à travers l’espace.

Il est difficile de décider laquelle de ces deux œuvres est la plus géniale, mais ce que l’on peut affirmer à coup sûr, c’est que toutes deux ont donné un vivifiant essor à la littérature du piano qui allait s’échouer sur le double écueil du virtuosisme et de la futilité.

Entre ces deux types rénovateurs de l’art du piano, viennent prendre place les Variations symphoniques pour piano et orchestre[1], continua-

  1. Première audition au concert de la Société Nationale de