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CÉSAR FRANCK

tain nombre qui étaient illisibles. Je connaissais bien la partition puisque, sur la demande de mon maître, j’avais accompagné au piano toutes les études chorales, je lui proposai donc, conjointement avec mes camarades Henri Duparc et Camille Benoît, de me charger de cette besogne, ce qu’il accepta simplement, n’ayant vraiment pas le temps d’en assumer lui-même la responsabilité.

Nous ne savions pas à quoi nous nous engagions…, et nous fûmes tout d’abord effrayés du travail matériel à accomplir en aussi peu de temps ; cependant nous nous mîmes courageusement à l’œuvre dans l’atelier de Duparc, celui-ci maniant la colle, Benoît collationnant, et moi chargé des copies. En une journée et deux nuits pendant lesquelles le cognac de Duparc et les calembourgs de Benoît nous tenaient éveillés, tout fut prêt et sur les pupitres à l’heure fixée. Malheureusement les deux autres répétitions furent très écourtées pour diverses raisons sur lesquelles je ne m’appesantirai pas, à tel point que le temps manquant pour travailler le morceau symphonique, deuxième partie de l’œuvre, sa suppression pure et simple fut décidée, au grand chagrin du maître qui voyait ainsi détruite l’harmonieuse construction si longuement, si amoureusement rêvée et élaborée.