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CÉSAR FRANCK

violons répètent la mélodie comme un écho. Cet usage du canon, déjà signalé dans les pièces d’orgue, devint de plus en plus fréquent dans l’œuvre de Franck dont il est, pourrait-on dire, comme la marque de fabrique, mais ce qui le différencie du canon de maître d’école, ce qui en fait un succédané de l’esprit de Bach, c’est que la mélodie propre à être imitée ne se trouve jamais torturée ou déformée pour les besoins de la cause, elle se présente simple et naturelle en ses modulations et l’imitation en découle d’une façon tellement logique que celle-ci semble venir par surcroît.

Après quelques courtes répliques des hommes hésitants, qui nous ramènent vers les tons sombres du doute, éclate la prophétie de l’Archange, précédant une nouvelle exposition du thème, en la majeur, et marchant de plus en plus vers la lumière jusqu’à une éblouissante modulation en fa dièze majeur où paraît pour la première fois la mélodie longtemps cherchée par le maître, mais victorieusement trouvée, en laquelle il personnifie musicalement l’idée de rédemption.

Puis, ce ton établi, la Foi et l’Amour ayant illuminé la terre, rien ne bouge plus et les voix des hommes, répudiant leurs haines, s’affermissent en cette tonalité nouvelle de fa dièze majeur