après cette esquisse très estompée, dis-je, brusquement
s’impose la tonalité de la mineur, teinte
sombre dans laquelle grouillent et hurlent les plus
viles passions du monde païen. Ici, nous devons,
pour la première fois, faire une remarque qui
sera encore plus frappante dans les Béatitudes,
c’est que le pauvre maître se bat les flancs pour
arriver à exprimer un mal, une laideur morale
que la simple beauté de son propre caractère lui
interdit de concevoir ; il s’ensuit que ce premier
chœur nous fait passer en revue les jouissances
païennes dans un style légèrement boursouflé
et quelque peu conventionnel ; le morceau ne
quitte point le ton de la mineur et se termine
sur une strette plus tapageuse que vraiment
puissante, selon la coutume des opéras de cette
époque.
Mais alors tout s’éclaire, et le radieux thème prophétique plane majestueusement au-dessus des humaines misères. Cette fois, c’est en mi majeur, dominante de la tonalité du prélude, qu’il est présenté par le chœur, tandis que les