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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

qui semble le seuil d’une mystique janua cæli.

Lorsque j’ai dit, aux premières lignes de cette étude, que Franck fut le continuateur de Beethoven, non seulement dans l’ordre symphonique, ce qui est incontestable, mais encore dans celui de la musique religieuse, c’était à l’Agnus Dei et aussi au Kyrie de la Messe que je pensais ; non point que je veuille comparer l’œuvre modeste du modeste maître de chapelle de Sainte-Clotilde, œuvre écrite sincèrement, mais dans une intention utilitaire, à la fulgurante épopée de la divine souffrance et de l’humaine aspiration vers le ciel, à cette Missa solemnis que je considère comme l’œuvre la plus parfaite du titan de la symphonie, non point que je prétende mettre au même rang le doux et confiant : Dona nobis pacem de la Messe que nous venons d’analyser, avec le haletant et incomparable appel à la Paix qui surgit du milieu des lointains bruits de guerre dans le dramatique Agnus de Beethoven, mais il semble cependant qu’en dépit de l’inégalité musicale des deux œuvres, l’esprit de l’une soit passé dans l’autre avec un peu moins d’expression humaine, mais un peu plus de divine confiance.

Ne trouvons-nous pas, en effet, tout d’abord, la même erreur fondamentale qui fait que la Messe en ré, l’un des plus sublimes monuments