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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

à l’église, mais d’ordre plus spécialement symphonique, surnage au milieu de la production vocale et restera un monument impérissable de cet art cher aux Frescobaldi et aux J.-S. Bach.

C’est donc par elle que je commencerai l’examen de cette deuxième époque de la carrière de mon maître.

Dès l’entrée de la Fantaisie en ut nous sentons les approches du véritable style de l’auteur des Béatitudes.

Si la construction de la pièce, bien fantaisiste en effet avec son point central à la sous-dominante et sa conclusion un peu écourtée quoique pleine de charme, rappelle encore les timidités de la première manière, le lied initial qui se déroule, calme et sans aucune modulation, nous montre déjà ce qui devint la caractéristique générale du troisième style et ce par quoi il se rattache profondément aux racines beethovéniennes, le don de tirer une mélodie très vivante du milieu d’un état harmonique préétabli. (Comparez la troisième variation de l’adagio du XIIe quatuor.) Et, si l’on réfléchit qu’en l’espèce cet état harmonique est lui-même la résultante d’un canon mélodique, artifice cher à Franck, on n’aura point de peine à reconstituer par cet exemple la filiation que j’ai indiquée au début de ce cha-