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CÉSAR FRANCK

une terrible perturbation dans la marche logique des Arts, et, en musique religieuse notamment, on en arriva, à partir de cette époque, à une sorte d’art de convention qui, abolissant toute espèce d’expression vraie et dédaignant le beau rythme des monodies anciennes aussi bien que l’harmonieuse architecture du contrepoint vocal, introduisit à l’église le style de la symphonie et de l’opéra… si ce n’est pire, style qui n’avait aucune raison d’être dans l’enceinte sacrée.

Aussi la musique, dite d’église, dégénéra-t-elle avec une stupéfiante rapidité et devint-elle l’unique proie de la convention et de la mode.

Elle fut pompeuse au XVIIe siècle, comme l’étiquette de la cour du Grand Roi, frivole au XVIIIe, pour l’amusement des gens de qualité ou des parvenus qui, au sortir d’un souper, se voyaient obligés, de par leur situation, d’assister aux offices, bourgeoise enfin et figée en des formules toutes faites sous le règne du juste-milieu. Ce fut ce dernier style, dépourvu de la noblesse de celui du XVIIe siècle et du charme de celui du XVIIIe, qui persista jusqu’à la fin du XIXe siècle, et, chose bizarre, il se forma même des écoles ayant pour but d’apprendre aux jeunes compositeurs l’art de faire de la musique inexpressive en vue de l’église…

César Franck, sans jamais en arriver cepen-