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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

On pourrait nommer cette deuxième partie de la vie de César Franck, l’ère de la production religieuse. À part quelques lieder, un essai d’oratorio et Rédemption, on ne rencontre, au cours de cette période, que de la musique destinée à l’église.

Qu’on veuille bien remarquer que je dis : de la musique destinée à l’église, et non point précisément de la musique d’église, ce qui nécessite quelques mots d’explication.

L’origine de la Musique, comme celle de tous les Arts (qu’on s’efforce actuellement, sans y parvenir du reste, de rattacher à d’autres causes) est incontestablement d’ordre religieux. Le premier chant fut une prière. Louer Dieu, célébrer la beauté, la joie et même la terreur religieuses, fut le seul objet de toutes les œuvres artistiques durant près de huit cents ans. Et par cela même, les artistes d’alors exprimaient la Vie, c’est-à-dire les sentiments de l’homme, amour, espérance, joie et douleur, d’une façon — soit dit en passant — bien plus profonde et bien plus vraie que ceux qui, sous prétexte de dépeindre la vie actuelle, ne savent en exprimer que le décor, que le côté extérieur, futile et passager.

La Renaissance, par un changement de direction provenant d’une idée erronée, nous amena quelques chefs-d’œuvre personnels, mais aussi