La première partie de l’oratorio, représentant le départ de Noémi, est construite autour de tonalités sombres qui sont bien en situation ; seule, la généreuse résolution de Ruth, criant qu’elle n’abandonnera point sa mère et la suivra partout, donne une note claire par l’affirmation du ton de la majeur, rayon lumineux après les teintes précédentes. Malheureusement cet air de Ruth est d’essence trop opéra et sa mélodie initiale rappelle plus les romances dramatiques de Meyerbeer qu’elle ne fait pressentir le Franck de Rédemption.
Dans la deuxième partie, après divers chœurs de moissonneurs qui faisaient l’admiration de nos vingt ans…, après une sorte de mélopée triste de Noémi, où la ligne constante du cor anglais fait un peu trop penser à certain passage connu de la Juive, vient un duo entre Ruth et Booz qui est, à mon sens, le point mélodique culminant de toute la première manière de Franck, et, en même temps, un morceau d’un réel intérêt comme expression dramatique.
Le dialogue, très simple et assez apparenté
avec les scènes entre Jacob et Benjamin du
Joseph de Méhul, est constamment enguirlandé
d’une pure ligne mélodique :