Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

la saveur naïve dans les œuvres de maturité ; puis, vient un allegro en si mineur dont les formes, très pianistiques, ne tendent que vers une prudente inflexion au ton de la dominante et qui ramène, en troisième lieu, une réexposition du thème primitif, agrémenté de batteries en doubles-croches selon la formule alors la plus communément répandue.

À ce propos, il est curieux de constater que toutes les premières compositions pour piano du maître, que ce soit églogue, ballade, caprice ou fantaisie, sont coulées dans un moule identique : un allegro encadré entre deux expositions d’un même thème, le tout précédé parfois d’une courte introduction ; elles offrent, au surplus, une assez grande monotonie, en raison de l’absence complète de toute modulation (nous l’avons déjà remarqué pour les trios), mais, en y regardant de près, on peut y retrouver, je l’ai dit, et assez fréquemment, la nature embryonnaire des grandes œuvres postérieures, et le souci du brillant de l’écriture instrumentale n’y est point tel, qu’il ne cède souvent le pas à la recherche de formes purement musicales. Évidemment, Franck, à cette époque, pressé par son père de produire, coûte que coûte, des œuvres « de vente », ne sait point encore cet art de la composition qu’il enseignera plus tard d’une façon si complète, en sorte que