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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

piano seul : on peut en compter jusqu’à quatorze ; puis, tout à coup, Franck cesse subitement, et durant près de quarante ans, d’écrire pour l’instrument cher aux Chopin et aux Liszt, et ce n’est que tout à la fin de sa vie, pendant la période également de six années qui s’étend de 1884 jusqu’à sa mort, qu’il est hanté par le désir de créer de nouvelles formules applicables au clavier à percussion, et que, non seulement il trouve ces nouvelles formules, mais qu’elles l’amènent, pour ainsi dire fatalement, comme nous le verrons par la suite, à la découverte de formes esthétiques non encore usitées, constituant des types parfaits dont on n’a point encore su, après lui, tirer un parti efficace.

Mais il ne s’agit pas encore de ces superbes manifestations du dernier style, je ne dois parler ici que des compositions du commencement de sa vie artistique.

Les premières pièces pour piano, qui sont en même temps les toutes premières compositions du maître, remontant à l’année 1835 (il avait alors treize ans) et se trouvent à la fin d’un cahier manuscrit extrêmement soigné comme graphisme, qui contient tous les exercices faits sous la direction de Reicha, du 24 juin 1835 au 15 mai 1836, exercices qui démontrent que Reicha enseignait conjointement l’harmonie et