composa entre 1840 et 1853, la plus belle et assurément
la plus spontanée est celle écrite sur la
poésie de Reboul, l’Ange et l’enfant. Je crois
qu’il est difficile de rencontrer une plus intime
communion de pensée entre le poète et le musicien ;
l’ange de Franck (la première en date de
ses expressions angéliques) est bien l’ange gardien
de la religion catholique, veillant tendrement
sur l’âme du petit enfant et la soustrayant
avec bonheur aux peines de la terre pour l’emporter,
impolluée encore, dans sa patrie céleste.
Cette pièce, qui n’emprunte le secours d’aucun
accord étrange et même d’aucune modulation,
est bien réellement un petit chef-d’œuvre de
mélodie expressive comme on désirerait en rencontrer
beaucoup dans la production musicale.
Elle date de 1846.
Arrivant maintenant aux pièces pour piano, j’aurai tout d’abord à constater un fait curieux qui ne se présente, à ma connaissance, chez aucun autre musicien que chez celui qui nous occupe, à savoir que les compositions de cet ordre sont, chez lui, réparties très exactement aux deux extrémités de sa carrière.
C’est ainsi que, de 1841 à 1846, pendant les six premières années de production, on ne trouve guère, à part les trios, que des œuvres pour