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LUDWIG VAN BEETHOVEN

ment, quand après la catastrophe du 30 juillet 1826, la tentative de suicide provoquée en grande partie par tous ces tiraillements, Beethoven ira visiter le « garnement » sur son lit d’hôpital, c’est d’une voix suppliante qu’il murmurera : « Si tu as quelque ennui caché, fais-le-moi connaître… par l’intermédiaire de ta mère. » Mais, à ce moment, excédé par la sollicitude de cet oncle trop aimant, Charles se retourne du côté du mur… Quelle blessure dans le cœur de Beethoven ! Et que d’autres déboires, encore, toujours venus de cette mère rompue à l’intrigue et aux trahisons ». Au cours de son procès, n’avait-elle pas excipé du manque de parchemins pour contester à son beau-frère cette particule van à laquelle il tenait tant et faire annuler le jugement ? Quel affront pour l’homme dont les sentiments anti-démocratiques s’étaient si souvent affirmés ! Qu’on se rappelle son dédain pour la « populasse », la « plebs », cette vile multitude que stigmatise M. Romain Rolland ; son : « Je ne compose pas pour les galeries ! » au baron Braun, et le mot à Hiller : « Vox populi, vox Dei, voilà un proverbe que je n’ai jamais pris au sérieux. »

Désormais le maître allait se trouver à l’étroit dans la vaste capitale : « L’homme supérieur ne doit pas être confondu avec le bourgeois… et je l’ai été ! » Et il se terre et boude la société. On ne le voit plus. Il ne fait exception qu’en faveur d’un seul, son « gracieux seigneur » l’archiduc Rodolphe, auquel il donne leçon plusieurs fois par semaine et qui, dans cette partie de la vie de Beethoven, semble couvrir son maître de son ombre tutélaire.

Douce figure de grand seigneur, enthousiaste et