Page:D’Indy - Beethoven, Laurens.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

TROISIÈME PÉRIODE

DE 1815 À 1827

V

LA VIE

« Très chère et honorée amie, peut-être auriez-vous quelque sujet de croire votre souvenir effacé chez moi. Simple apparence, cependant. La mort de mon frère m’a profondément affecté. J’ai eu, depuis, de grandes préoccupations pour tirer mon neveu des mains d’une mère indigne ; j’y suis parvenu, mais, pour l’instant, j’ai jugé qu’il valait mieux le mettre en pension. À la vérité, une institution et son influence indirecte ne sauraient remplacer un père ; car c’est ainsi que je me considère à présent. Je m’ingénie donc à me rapprocher de ce cher trésor, désirant exercer sur lui une action plus prompte et plus efficace. Mais que de difficultés en perspective !

« Depuis six semaines ma santé est chancelante, de sorte que la pensée de la mort m’occupe plus souvent, sans effroi, pourtant. C’est pour mon pauvre Charles seulement que je m’en irais trop tôt.

« Je vois, par vos dernières lignes que vous aussi, ma chère amie, vous souffrez. Il n’en va pas autrement