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LUDWIG VAN BEETHOVEN

qui date de 1797, jusqu’au pamphlet anti-français : Tout est consommé, en passant par : le Départ du guerrier, Germania et la Cantate pour le congrès de Vienne.

On nous en voudrait de ne pas parler ici de Léonore ou l’Amour conjugal, l’unique opéra de Beethoven. L’ouvrage fut représenté pour la première fois en 1805, repris en 1806, et remanié en deux actes pour la reprise de 1814, sous son titre primitif de Fidelio.

Au risque de provoquer les colères teutonnes, car l’Allemagne a fait de Fidelio une sorte de fétiche, nous aurons le courage de dire que cet opéra est bien loin — extrêmement loin — de valoir, dans l’ordre dramatique, ce que valent, dans le genre purement instrumental les sonates, les symphonies et les quatuors. Fidelio, il faut le reconnaître, n’a pas fait avancer d’un pas la musique dramatique ; cela est et reste un opéra, que Mozart eût pu signer et qui ne marque guère de progrès sur les opéras de la même époque. Freischütz et Euryanthe donnèrent, vingt ans plus tard, un bien autre essor au drame musical allemand. Dans Fidelio, on dirait que Beethoven, désorienté devant ce genre nouveau, se préoccupe seulement d’appliquer, en élève bien sage, les principes qu’il a reçus de Salieri, sans essayer de rompre avec la convention italienne, sans même tenter de continuer la tradition expressive de Gluck. La plupart des mélodies, prises séparément, sont naturellement du bon Beethoven, mais la façon de les mettre en œuvre n’offre aucune nouveauté, donne à peine l’impression d’un drame.

Dans le premier acte, exception faite pour l’enthou-