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LUDWIG VAN BEETHOVEN

œuvre par une sorte d’alleluia. Ce thème expressif termine les expositions, encercle les marches du développement, au milieu duquel les tonalités obscures font passer un nuage sur la campagne ; enfin, après les épisodes un peu puérils des chants d’oiseaux, il se répète encore par trois fois pour tout conclure sur une touchante affirmation.

Il serait trop long de parler de la Sonate op. 53, éminemment pastorale, au sens que Beethoven attachait à ce mot. Chose curieuse, le thème du finale de cette sonate, qui paraît si parfaitement simple, est l’un de ceux dont l’éclosion demanda le plus d’efforts ; les cahiers de Beethoven ne présentent la forme définitive qu’après six esquisses très différentes de rythme et même de mélodie.

La Symphonie en la, que, à la remarque de Wagner, les musicologues ont baptisée l’apothéose de la danse, n’est autre chose qu’une symphonie pastorale. Le rythme du premier morceau n’a vraiment rien de dansant, mais il semblerait plutôt provenir d’un chant d’oiseau. Le trio du scherzo reproduit, dit-on, la mélodie d’un cantique de pèlerinage entendu à Teplitz, en 1812, et le finale est une fête villageoise bien caractérisée.

La VIIIe symphonie retrace évidemment aussi des impressions de nature. Le trio du pompeux menuet, où la clarinette, le violoncelle et le cor s’escriment de façon quasi grotesque, n’est-il pas la représentation d’un orchestre de paysans ? Et le thème hongrois — l’hymne d’Hunyade — qui apparaît périodiquement dans le finale, ne figure-t-il pas aussi l’arrivée de musiciens ambulants, de tziganes, dirait-on aujourd’hui, au milieu d’une fête ?